Sans ton regard
(G. Ruiz. Chilly 1992)

 Ton regard en eau trouble, froissé comme la mer,
Ton regard m'a  laissé une blessure amère.
Tous les mondes étranges de tes yeux étonnés,
Eclaboussant le ciel de soleils écorchés.

 Sans ton regard,
C’est la mort qui viendra ce soir.
Sans ton regard,
C’est la mort qui viendra me voir.

 Tous ces mondes cruels où je vagabondais,
Perdu comme un soldat désarmé, désormais.
Girouettes affolées, étourdies par le vent,
Ou couteaux acérés que tu plantais gaiement.
Rivages ensablés où j'étais allongé,
Oasis dorée de cristal émietté,
Fenêtres aux volets clos, de l'amour emmuré,
L'âme sourdait parfois de ces carreaux mouillés.

 Ton regard détourné m'a laissé orphelin,
Aveugle, j'espérais lui confier mon destin,
 Vers d'autres horizons ses feux sont allumés,
Qui conduisaient mes sens comme étoile un berger.
Aveugle, sans tes yeux, je suis perdu et j'erre,
Dans les contrées hostiles du souvenir, poussière.
Particule insensée, voltigeant, pauvre hère,
Je ne suis plus que l'ombre de ton regard d'hier.

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