Le poulpe amoureux

 Gérard  Ruiz. Marseille 1974

  

Une ondine, frêle sirène,
Fouette l’écume à la surface,
De ses longues jambes, sereine,
Comme une comète d’espace.

 Le poulpe est amoureux,
C’est tant mieux, c’est tant mieux,
La sirène est jolie,
C’est la vie, c’est la vie.

 Un poulpe en quête d’aventure,
Aperçoit l’étoile filante,
Fendant le bleu de son azur,
O fille du ciel mon amante.

  Malgré son corps gélatineux,
Ses tentacules muées en ailes,
Propulsent le poulpe amoureux
A la poursuite de la belle.

  Viens dans mes bras ma libellule,
Mon poisson lune, ma girelle,
La douceur de mes tentacules
Te plaira sûrement ma belle.

   Dans un trou bleu du Pacifique,
Un squelette croise les bras,
Serrant sa cage thoracique
Où un cœur innommable bat.

    Mon amour comme dans la chanson,
S’est noyé dans un grand silence,
Et depuis je vis en prison
Dans l’abîme de son absence.

***