La rupture

G. Ruiz. Marseille 1970

 Ce soir je fête notre rupture ma mie,
J’ai l’ cœur en fête et je bois du whisky,
C’est pas souvent qu’on en fait des comme ça,
Sans pleurs, sans cris, sans « ne me quitte pas ».
Sur le divan où nous étions tous deux,
Hier encore enlacés, amoureux,
Je suis vautré tout seul cette fois-ci,
Caressant ma bouteille de whisky.

 Mais tais-toi, vieux crooner !
Tu as passé, tu as passé ton heure !
Maintenant les femmes préfèrent les rockers,
Tu peux garder ton whisky et tes fleurs !

 J’ai oublié tes grands yeux vert-pistache,
Ton bout de nez et ton p’tit air bravache,
Une de perdue et dix de retrouvées,
Tu sais je t’ai complètement oubliée !
Ce soir je fête notre rupture ma mie,
J’ai l’ cœur en fête et je bois du whisky,
C’est pas souvent qu’on en fait des comme ça,
Sans pleurs, sans cris, sans “ne me quitte pas”.

 J’ai perdu l’ goût de ta bouche sucrée,
Et sur ta hanche de ton grain de beauté,
J’ai oublié la douceur de ton corps,
Tu vois à jamais mon amour est mort.

 Ce soir je fête notre rupture ma mie,
J’irai me coucher tout seul cette nuit,
Et si je verse une larme dans mon lit,
Ce ne s’ra qu’une larme de whisky.

***