Les mystères du télégraphe Poème de Claude Roy, mis en musique par Gérard Ruiz. Les enfants après l'école aux poteaux du télégraphe doucement l'oreille collent poursuivant le temps qui passe avec ses chevaux légers ses fifres et ses tambours et son charroi partagé de bons et de mauvais jours Ce n'est que le temps qui passe Il ne sait pas ce qu'il dit Il trébuche dans ses traces Il se perd dans ses soucis Beaux enfants d'après l'école il sera bien temps plus tard de savoir ce qui s'envole de ces poteaux trop bavards Ne sachant pas ce qu’ils disent ne parlant que pour parler les plaisirs qu’ils nous prédisent les chagrins qu’ils annonçaient sont promesses mensongères Beaux enfants d’après l’école méfiez-vous des jolis airs que jouent ces poteaux frivoles Il n’est qu’un seul coquillage où l’en entende vraiment la mer et ses beaux naufrages la vie ses vrais accidents C’est le cœur de la dormante qui battra à vos côtés dans des nuits si différentes de celles des écoliers Vous serez grandes personnes ne jouant plus à la marelle répondant au téléphone n’ayant plus la varicelle Vous porterez des moustaches et ne mettrez plus l’oreille aux poteaux du télégraphe qui bredouillent leurs merveilles mais nous laissent en carafe entre demain et la veille.